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L’incroyable château de faïences d’Estevao Silva da Conceiçao : le « Gaudí brésilien »

Dans une favela de São Paulo, au Brésil, Estevao Silva da Conceiçao consacre depuis près de quarante ans sa vie à une œuvre architecturale hors du commun. Surnommé le « Gaudí brésilien », cet ancien maçon et jardinier de 67 ans a érigé un édifice fascinant, mêlant faïences multicolores et objets hétéroclites, qui attire aujourd’hui des visiteurs du monde entier. Son chef-d’œuvre, surnommé Castelinho par les habitants du quartier de Paraisópolis, est un véritable labyrinthe de galeries et d’escaliers étroits, évoquant les créations oniriques d’Antoni Gaudí. Pourtant, Estevao affirme qu’il n’avait jamais entendu parler du célèbre architecte catalan avant que son travail ne soit comparé au Park Güell ou à la Sagrada Familia.

Comme l’emblématique basilique de Barcelone, son château est une œuvre inachevée.

« Cela fait trente-neuf ans que je travaille dessus. C’est l’œuvre de ma vie »,

confie-t-il. Perché sur un terrain de seulement 60 mètres carrés, le bâtiment s’élève sur quatre étages, défiant les contraintes d’espace et de ressources du quartier populaire où vivent plus de 100 000 personnes. Estevao, qui n’a jamais suivi de formation académique en architecture ou en art, revendique une création entièrement autodidacte :

« C’est sorti de mon esprit. Je n’ai jamais étudié, mais j’ai réussi à créer une œuvre d’art. »

Une immersion dans un univers fascinant

En pénétrant dans le Castelinho, on découvre un monde féerique, où chaque recoin raconte une histoire. L’entrée est ornée d’assiettes peintes et de petits arbustes, ouvrant sur une salle semblable à une caverne. De là, un dédale de couloirs aux plafonds bas et d’escaliers sinueux mène à des pièces décorées de manière éclectique. Les murs en ciment, incrustés de petits cailloux, sont habillés d’objets variés, dont certains ont été offerts par les visiteurs : jouets en plastique, pièces de monnaie, tasses, vieux téléphones, masques et engrenages d’horloges. Ce mélange hétéroclite contribue à l’atmosphère unique du lieu, où chaque détail semble avoir une place précise.

La découverte de cet univers ne laisse personne indifférent. « Il y a tellement de choses à voir, chaque petit coin est plein de détails à observer », s’enthousiasme Celly Monteiro Mendes, une visiteuse venue de Manaus. Aujourd’hui, visiter le château coûte environ cinq euros, une modeste contribution pour explorer une œuvre vivante en perpétuelle évolution.

L’éclosion d’un projet artistique

Originaire de l’État de Bahia, Estevao Silva da Conceiçao s’est installé à São Paulo en 1977 pour chercher du travail. En 1985, il acquiert un petit terrain à Paraisópolis avec l’idée d’y aménager un jardin. « Je voulais quelque chose de différent, un jardin qui sorte de l’ordinaire », explique-t-il. Il commence par créer une roseraie, qu’il entoure d’une structure métallique. Mais la végétation, trop envahissante, finit par le décourager. Estevao décide alors de recouvrir la tonnelle de ciment, donnant naissance aux premières bases de son château.

Depuis, le projet n’a cessé de grandir. Le bâtiment n’est pas seulement un refuge, mais un témoignage de résilience et de créativité dans un environnement souvent marqué par la précarité. Le cinéaste Sergio Oksman a immortalisé cette histoire dans un documentaire intitulé Gaudí dans la favela, sorti en 2002. Ce film a marqué un tournant pour Estevao, lui permettant de se rendre à Barcelone pour la première fois et de découvrir les œuvres de l’architecte auquel il est comparé.

Un lieu de contrastes

Au sommet du Castelinho, le dernier étage, à ciel ouvert, offre une vue panoramique saisissante. Les plantes y ont repris leurs droits, tandis que les chants d’oiseaux résonnent au-dessus des inégalités sociales qui marquent la ville. En contrebas, les petites maisons de la favela s’étendent à perte de vue, tandis qu’à l’horizon se dressent les gratte-ciels luxueux du quartier huppé de Morumbi. Ce contraste frappant, entre pauvreté et opulence, confère au lieu une dimension symbolique forte.

Avec son château, Estevao Silva da Conceiçao a non seulement transformé son espace de vie, mais aussi offert à sa communauté une source de fierté et d’émerveillement. Le Castelinho est bien plus qu’une curiosité insolite : il est le reflet d’une créativité sans limite, capable de transcender les frontières sociales et culturelles.

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Juliette
Juliette – Rédactrice Passionnée par l’écriture et les nouvelles technologies, Juliette est une rédactrice spécialisée dans le domaine du numérique et de la communication. Avec plusieurs années d’expérience à son actif, elle a collaboré avec diverses entreprises et publications, où elle a affûté son expertise en matière de stratégie de contenu et de gestion de la e-réputation. Juliette aime explorer les enjeux contemporains liés à la présence en ligne, qu’il s’agisse d’aider des particuliers à façonner leur image ou d’accompagner des entreprises dans la construction de leur réputation. Sa plume dynamique et son approche analytique lui permettent de rendre des sujets complexes accessibles et captivants. Lorsqu’elle ne rédige pas, Juliette se plonge dans la lecture de livres sur le marketing digital, découvre de nouveaux podcasts inspirants ou se promène dans la nature, toujours à l'affût d'idées nouvelles.

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