La messagerie Telegram renforce son contrôle des images partagées
Après des années d’impunité, Telegram est désormais sous haute surveillance et doit se plier à de nouvelles règles en matière de modération.
La fête est finie chez Telegram. Depuis l’arrestation choc de son PDG Pavel Durov l’été dernier, la messagerie (faussement) chiffrée doit s’adapter au risque de subir les foudres d’autorités qui voient d’un très mauvais œil son laxisme en matière de modération. Aussi, après avoir consenti à renforcer le contrôle des groupes de discussion sur la plateforme, Telegram annonce-t-il aujourd’hui que les images seront contrôlées afin de lutter contre la pédopornographie.
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C’est un changement majeur dans la politique de modération de Telegram, dont l’application libertarienne ne se vante nulle part. Pourtant, la messagerie a bel et bien rejoint le programme de l’Internet Watch Foundation (IWF), une ONG britannique à laquelle adhèrent déjà Apple, Google ou Meta, et œuvrant à la protection de l’enfance sur le Web.
Un silence poli de la part de la messagerie, à laquelle l’IWF accorde pourtant l’accès à tous ses outils permettant de « lutter contre l’imagerie des abus sexuels sur les enfants sur la plateforme », peut-on lire dans le communiqué de la fondation. Un ensemble d’outils qui comprend notamment des scans systématiques et de la détection automatique qui permettent d’étiqueter automatiquement les contenus identifiés comme dangereux, avant de prévenir les forces de l’ordre.
Et on comprend bien pourquoi Telegram ne s’en vante pas. L’application née en Russie a longtemps fait de son absence de modération son point fort. Si cet aspect de sa promesse a notamment permis à des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden de partager des documents avec la presse en échappant au contrôle des autorités, elle est aujourd’hui retournée contre Telegram et encourage la prolifération de contenu illégal.
L’IA également surveillée
L’IWF n’est pas dupe et, même si elle salue le changement d’attitude de Telegram, rappelle qu’elle a « fait des milliers de signalements d’images d’abus sexuels sur des enfants sur Telegram depuis 2022 ». Un manque de proactivité qui colle à la peau de l’application de Pavel Durov, qui va devoir s’adapter et montrer patte blanche maintenant que les autorités de nombreux pays l’ont dans le viseur.
Dans le cadre du programme de l’IWF, Telegram s’engage également à lutter contre la propagation d’images pédopornographiques créées avec le concours d’intelligences artificielles.
Une lutte qui, pour le coup, devrait être facilitée par l’absence de chiffrement des messages sur Telegram. Contrairement à la croyance populaire, le chiffrement de bout en bout n’est pas activé par défaut sur l’application et nécessite la création d’un échange spécial entre deux individus. Les groupes, eux, peuvent être librement explorés par l’équipe de modération de Telegram.