Pourquoi le partenariat entre l’AFP et Mistral AI est historique
La startup française, concurrente d’OpenAI et son ChatGPT, va pouvoir se servir dans les quelque 38 millions de dépêches de l’agence de presse.
Alors que les agents de la désinformation se trouvent un nouveau refuge accueillant sur les réseaux appartenant à Meta, Mistral AI fait le choix de la rigueur journalistique. L’Agence France-Presse, qui fournit chaque jour quelque 2 300 dépêches aux rédactions média du monde entier, vient de signer un partenariat historique avec la startup spécialisée dans l’intelligence artificielle. Le but : améliorer la pertinence du Chat, l’agent conversationnel par IA de Mistral.
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Mistral accède à 41 ans d’historique de l’AFP
L’accord, annoncé ce jeudi 16 janvier 2025, est à effet immédiat. Mistral AI, et son chatbot sobrement baptisé Le Chat, ont dès à présent accès à l’intégralité des archives de l’AFP (exceptées les photos, les vidéos et infographies), ainsi qu’un accès privilégié à toutes les nouvelles dépêches publiées chaque jour par l’agence présente autour du monde. Un contrat dont le montant n’a pas été communiqué, pas plus que sa durée – qui est toutefois présentée comme « pluriannuelle ».
Mistral, dont l’ambition est de devenir le premier gros acteur de l’intelligence artificielle en Europe, peut se féliciter de réaliser ici une première historique. Si des médias comme Le Monde ou le Financial Times ont déjà pactisé avec OpenAI (ChatGPT) pour des motifs similaires, c’est la première fois qu’une agence de presse accepte que son contenu puisse être mouliné par une intelligence artificielle.
La primeur sera toutefois de courte durée : Google a annoncé hier qu’un partenariat avec l’agence de presse AP (Associated Press) venait d’être conclu pour que son IA Gemini puisse profiter de son contenu.
À quoi va servir le contenu de l’AFP ?
41 ans d’historique sur l’actualité mondiale, 38 millions de dépêches à analyser, à décortiquer… L’intelligence artificielle de Mistral doit se régaler. Et elle ne le fait pas que pour son plaisir personnel : l’idée derrière ce partenariat est, on l’a dit, de renforcer l’intérêt du Chat pour le grand public, et d’assurer aux internautes que les questions qu’ils poseront au chatbot seront soutenues par du contenu journalistique de qualité. Pour Arthur Mensch, PDG de Mistral, le contrat qui lie son entreprise à l’AFP devrait notamment trouver de l’intérêt aux yeux des « professions libérales, des cadres de grandes entreprises, pour préparer des mémos ou des documents liés à l’actualité », rapporte Libération.
Ça, c’est sur le papier. Car des exemples récents ont montré que la gourmandise des IA menait parfois à de grossières erreurs d’interprétations, voire d’invention totale. ChatGPT Search, le moteur de recherche par IA d’OpenAI, s’est récemment fait tacler à ce propos.
Toujours est-il que l’AFP peut compter ici sur « un nouveau courant de revenus », déclare Fabrice Fries, PDG de l’agence de presse. Paradoxal, quand l’IA est parfois dénoncée par les médias comme une technologie vampire, invisibilisant le travail des journalistes au profit de contenus prémâchés, résumés, vidés de leur substance.